Depuis le 1er juin 2020, le Plan National Canicule est activé, et ce jusqu’au 15 septembre. L’été 2020 devrait être aussi chaud, si ce n’est plus, que 2019, et particulièrement sec. Mais, comment se prémunir contre les risques liés aux fortes chaleurs, dans un contexte d’épidémie de COVID-19 ?
Pourquoi activer un Plan National Canicule ?
Le Plan National Canicule est activé chaque été, du 1er juin au 15 septembre. Ce système a pour objectif de prévenir un fort impact de la chaleur sur la santé de la population, grâce à l’identification de seuils. Il comprend ainsi 4 niveaux de vigilance météorologiques :
Le niveau 1, "la veille saisonnière" - vigilance verte
Le niveau 2, "l'avertissement chaleur" - vigilance jaune, déclenché en cas de pic de chaleur pendant quelques jours, sans que ce pic n'atteigne les seuils d'alerte
Le niveau 3, "l'alerte canicule" - vigilance orange, déclenché par les préfets des départements
Le niveau 4, "la mobilisation maximale" - vigilance rouge
Ces différents niveaux permettent d’adapter la communication et la prévention auprès de la population.
La canicule, quels risques ?
Les fortes chaleurs ont des effets importants sur notre santé, que l’on sous-estime bien souvent. Nous sommes tous à risque. Bien sûr, des personnes le sont plus que d’autres : les personnes âgées, ou atteintes de maladies chroniques ou d’un handicap, les femmes enceintes, les jeunes enfants ou encore les personnes travaillant à l’extérieur.
Selon Santé Publique France, au-delà d’une température moyenne allant de 23 à 28°C, selon la ville, chaque degré supplémentaire augmente le risque de décès.
La chaleur peut provoquer 3 effets, parfois graves, voire mortels :
La déshydratation. Si on ne boit pas assez, et si la transpiration est importante, le corps manquera d’eau. Les personnes âgées sont les plus exposées, ou celles prenant des traitements diurétiques.
Le coup de chaleur - ou hyperthermie. La température corporelle augmente (fièvre >39°), sans pour autant que le sujet ne transpire. La peau est chaude mais pas moite, des étourdissements ou des nausées peuvent apparaître, voire un malaise, une confusion ou un trouble de l’élocution. Les nouveau-nés, jeunes enfants, travailleurs en extérieur et les sportifs sont les plus exposés.
L'hyponatrémie. L’apport en sodium est insuffisant par rapport à la quantité d’eau absorbée. Cette maladie provoque des nausées, vomissements, une confusion… Les personnes âgées consommant trop d’eau, non compensée par une alimentation variée, sont les plus à risque.
Sans compter que la chaleur peut rapidement dégrader l’état de santé des plus fragiles, nécessitant des soins urgents.
Pourquoi canicule et COVID-19 ne font pas bon ménage ?
Même si le nombre de cas a bien diminué, nous ne savons pas ce que l’épidémie de coronavirus nous réserve. Il est facile de penser que la chaleur ralentirait la propagation du virus, cependant cela n’est pas encore avéré.
Mais, tant que le virus est là et tant qu’un vaccin n’est pas disponible, il est important de rester vigilant et de respecter les gestes barrières. Pour nous protéger, pour protéger les autres, et surtout nos proches.
D'autant plus en période de canicule. Pourquoi ?
Les populations vulnérables sont quasiment les mêmes pour le COVID-19 que vis-à-vis des fortes chaleurs. L'épidémie de COVID-19 est un facteur aggravant les risques liés à la canicule...
...Et vice-versa. En effet, la chaleur peut aggraver les symptômes des patients atteints par le virus.
Les professionnels de santé, à l'hôpital comme en ville, vont faire face à un afflux de patients victimes de fortes chaleurs. Aussi, plus de monde veut potentiellement dire augmentation du risque de transmission du coronavirus.
La population a tendance à se rassembler à l'extérieur, pour profiter de l'été ou alors se réfugier dans des endroits frais (centres commerciaux, bars et restaurants, cinémas...). Le risque de transmission du virus est donc plus important.
Le port du masque peut être difficile à supporter, avec la chaleur et la transpiration. Aussi, boire régulièrement de l'eau n'est pas si simple. D'autant plus qu'il est recommandé de se laver les mains avant de manipuler le masque pour boire.
Le virus se transmet principalement d'une personne à l'autre par des gouttelettes respiratoires, sécrétées par le nez ou la bouche. Nous pouvons contracter la maladie par inhalation. D'où la distanciation physique. Or, un ventilateur ou une climatisation a tendance à augmenter la vitesse de l'air, et donc la propagation de ces gouttelettes qui parcourent plus de distance.
3 principes permettent de limiter la transmission du COVID-19 :
Le respect des mesures barrières, et notamment la distanciation physique et le port du masque ;
Le renouvellement de l'air d'une pièce ;
La limitation du brassage de l'air, qui, dans le cas contraire, disperse le virus.
Alors, comment se prémunir contre les fortes chaleurs ET le coronavirus ?
La canicule, quels risques ?
Les mesures à prendre face à la canicule
Si vous avez un proche âgé, isolé, ou atteint d’un handicap, n’hésitez pas à le faire connaître auprès des services municipaux. Ils tiennent à jour un « registre canicule », pour contacter régulièrement les personnes fragiles.
Famille et voisin, prenez chaque jour des nouvelles de votre entourage fragile.
Buvez de l'eau régulièrement – toutes les 30 min, 1,5 à 2L par jour.
Mangez suffisamment et sainement, pour apporter les sels minéraux nécessaires.
Limitez les efforts physiques.
Évitez l'alcool, qui déshydrate le corps.
Mouillez et ventilez votre corps, pour abaisser la température corporelle.
Fermez les volets le jour, aérez la nuit, pour maintenir votre logement frais.
Passez du temps dans un endroit frais et climatisé, tout en respectant les gestes barrières.
Soyez vigilant auprès des nourrissons et jeunes enfants qui risquent une déshydratation. Pour cela, gardez-les le plus possible dans une ambiance fraîche : sous-vêtements, bains réguliers dans la journée. Évitez de les laisser dans un endroit surchauffé, évitez les sorties aux heures chaudes. Préférez des vêtements amples et légers, ainsi qu'un chapeau si vous êtes de sortie. Appelez votre médecin traitant si votre enfant a de la fièvre ou si son comportement change. Aussi, pensez à vous hydrater si vous allaitez.
Les mesures à prendre face à la canicule et au COVID-19, notamment sur votre lieu de travail
Les climatiseurs, ventilateurs et brumisateurs sont souvent utilisés sur les lieux de travail, comme le souligne Pôle Santé Travail. Cependant, ils peuvent disperser le virus sur des distances importantes, et donc favoriser sa transmission, et ce même si vous portez un masque.
Pour éviter cela :
Aérez la pièce dès lors que la température extérieure est inférieure à la température intérieure. Vous renouvellerez ainsi l’air intérieur.
Limitez les débits de soufflage d’une climatisation, pour que la vitesse d’air reste faible. Un bon indicateur : vous ne devez pas ressentir de courant d’air.
Préférez des systèmes qui utilisent l’air extérieur, plutôt que ceux qui recyclent l’air intérieur.
Évitez le ventilateur dans une pièce occupée par plusieurs personnes.
Si un ventilateur individuel est indispensable, placez-le au plus près de vous, avec la vitesse la plus faible possible. Installez-vous le plus loin possible d’une autre personne. Si possible, au travail, utilisez des écrans (type vitres) qui casseront le souffle.
Si vous prenez de l’eau d’un point d’eau tel qu’une fontaine, respectez les mesures d’hygiène et de distance. Déclenchez le bouton pressoir avec le coude, désinfectez-vous les mains avant et après, etc.
Enfin, évitez toute automédication par paracétamol en cas de mal de tête ou de fièvre. Vous ne savez pas si cela est dû au COVID-19 ou à la chaleur. Ce médicament fait mauvais ménage avec le foie agressé par la chaleur.
Les mesures engagées par la Ville de Paris
La Ville de Paris a mis en place le dispositif REFLEX. Il permet aux personnes les plus fragiles d’être suivies et accompagnées lors de la canicule. Concrètement, des agents dédiés les appellent régulièrement pour vérifier qu’elles vont bien.
Il suffit de s'inscrire auprès des services de la Ville :
- soit en composant le numéro de téléphone 3975
- soit en remplissant le bulletin d'inscription mis en ligne
- soit en complétant le formulaire papier
N.B. : pour inscrire une personne vulnérable, de plus de 65 ans, sur le fichier REFLEX, il faut son consentement.
Malgré des actions de prévention progressivement menées auprès de la population, il peut être difficile de se prémunir des risques liés à la chaleur et au virus. De plus, des recommandations sont publiées pour que les professionnels de santé puissent prendre en charge leurs patients en cas de canicule, dans le contexte épidémique actuel. En parallèle de notre vigilance face au COVID-19, nous devons aussi l’être face aux épisodes caniculaires. Pour nous protéger et protéger nos proches.